Critiques autour de l'arbitrage video en Belgique

L’arbitrage vidéo est la cible de toutes les critiques quatre mois après son introduction dans le football belge

Polémique autour de l'arbitrage vidéo en Jupiler League

Alors que l’arbitrage vidéo a été introduit dans le football pour mettre tout le monde d’accord, il est déjà au centre de plusieurs polémiques. L’équipe de France en a été victime contre l’Angleterre. Plus récemment, c’est en Belgique et notamment en Jupiler Pro League que les polémiques ont été les plus virulentes.

Deux rencontres se sont retrouvées sous le feu des projecteurs : Zulte-Wargem/Bruges et (3ème journée) et Charleroi/La Gantoise (13ème journée) avec deux penaltys oubliés pour les Buffalo. Ce match a même occasionné des excuses publiques de la part de l’arbitre de la rencontre. Nous n’allons pas revenir sur la pertinence de l’arbitrage vidéo puisqu’il est désormais acquis. Toutefois, il convient de revenir sur les faits et de réfléchir sur les torts de chacun pour éviter que ce genre de spectacle se reproduise.

Que s’est-il passé au juste en Jupiler League ?

Les revendications tournent autour de penaltys oubliés, et ce dans les deux matchs. Lors de la rencontre entre le Club Bruges et Zulte-Wargem, ce sont les hommes de Francky Dury qui ont été floués. À un quart d’heure de la fin, alors que Bruges mènaint 1-2, une faute manifeste de Brandon Mechele sur Olayinka a provoqué la chute de l’attaquant zultois. Tout le stade s’est levé pour réclamer un penalty mais l’arbitre de la rencontre, Lawrence Visser, n’a pas bronché.

Dans le cas de Charleroi/La Gantoise, c’est encore pire. Les Buffalo ont été pénalisés par deux fois. En début de rencontre, Kubo aurait dû bénéficier d’un penalty, mais l’arbitre n’a pas jugé opportun de siffler… après avoir pourtant fait appel à l’arbitrage vidéo. En fin de partie, alors que les Carolos menaient 2-1, Amara Baby fait une vilaine faute de main dans la surface, ce qui aurait dû donner un penalty à La Gantoise. Monsieur Delferière, encore une fois, n’a pas bougé. Sur les images, on voit clairement que Baby a le bras décollé du corps.

Amara Baby, attaquant de Charleroi
Amara Baby, auteur d’une main contre La Gantoise.

Visser et Delferière : 2 arbitres au centre des critiques

Après la défaite de Zulte-Waregem, Francky Dury a pointé du doigt l’inaction de l’arbitre vidéo : « L’arbitre vidéo était dans son lit. Il a fait une grosse faute. (…) C’est dommage de devoir parler de l’arbitrage vidéo après un match. Ce n’est pas bon pour le foot, ce n’est pas sérieux. L’arbitrage vidéo est là pour aider l’arbitre central. Ici, pourquoi n’est-il pas intervenu ? »

Dans la foulée, la Pro League a demandé la démission de l’arbitre vidéo et des assistants, arguant que la scène avait été filmée sous 10 angles différents et qu’il était impossible que la faute soit passée inaperçue. À la suite d’une réunion avec le patron des arbitres, Yves Marchand (l’arbitre vidéo de la rencontre Charleroi/Genk) a été écarté. Il en est ressorti de la conversation que ce dernier aurait dû avertir Visser de la faute et lui dire qu’il y avait penalty.

Pour le match Charleroi/Gand, la faute revient exclusivement à l’arbitre Sébastien Delferière. Il n’a pas sifflé un penalty évident alors qu’il a consulté les bandes et, en fin de partie, il aurait dû faire appel à la vidéo, mais ne l’a pas fait. Après le match, Delferière s’est excusé auprès du club gantois, une chose assez rare de la part du corps arbitral : « Je tiens à m’excuser auprès du club de La Gantoise. (…) Comme équipe, nous n’avons pas été au niveau, je dois bien l’avouer. C’était un off-day que nous devons rapidement oublier. Je ne peux pas communiquer sur les phases spécifiques de l’arbitrage vidéo ».

L'arbitre Sébastien Delferière qui officie dans le championnat de Belgique de football
L’arbitre Sébastien Delferière (en oragne)

Arbitre central ou arbitre vidéo : qui a la priorité ?

Ces deux cas de figure posent la question du rôle de l’arbitre vidéo et surtout de sa relation avec l’arbitre principal. L’arbitre vidéo doit-il avertir de la faute ? Conseiller à l’arbitre principal de regarder les bandes pour se faire une opinion ? Qui a le fin mot de l’histoire ?

D’après l’IFAB (International Football Board), une seule et unique personne a un pouvoir de décision : l’arbitre principal. Les autres arbitres lui sont assujettis, comme le stipulent les Lois du Jeu : « Les autres arbitres opèrent sous les ordres de l’arbitre (principal). En cas d’ingérence ou de comportement incorrect, l’arbitre les relèvera de leurs fonctions et fera un rapport à l’autorité compétente ».

Lors du match entre Zulte-Waregem et Bruges, une fois que Mechele a fait faute sur Olayinka, l’arbitre a directement fait signe de jouer. Il a expressément montré aux joueurs qu’il n’y avait pas faute. À partir de là, l’arbitre vidéo n’avait pas le droit d’aller contre sa décision. Toutefois, l’arbitre principal Visser a aussi commis une faute selon Johan Verbist, le patron des arbitres belges : il aurait dû attendre un peu que l’arbitre vidéo revisionne la bande avant de faire signe de jouer.

Johan Verbist, le patron des arbitres de Belgique
Johan Verbist, ancien arbitre international qui dirige maintenant l’arbitrage en Belgique

Arbitrage vidéo : que font les autres sports ?

L’arbitre principal est au centre du cyclone. C’est sur lui que repose les décisions. Pour le cas de Visser, il n’a pas laissé le temps à l’arbitre vidéo de lui laisser faire son rapport. Delférière, qui officiait lors de Charleroi/Bruges, est responsable de ne pas avoir pris les bonnes décisions alors qu’il avait les bandes sous les yeux. Cela pose donc la question suivante : l’arbitre principal doit-il avoir le dernier mot lorsqu’il s’agit de l’arbitrage vidéo ?

Dans les autres sports comme le hockey sur glace, la décision est rendue par un arbitre spécial. Au tennis, c’est un officiel en charge du « Hawk Eye » qui dit si la balle est bonne ou non. Au football, une telle mesure ne serait pas une mauvaise idée. L’arbitre principal est soumis à beaucoup de pression de la part des joueurs. Laisser à des arbitres situés en dehors du terrain les décisions ayant trait à la vidéo lui enlèverait une grosse pression des épaules.

En fin de compte, ce n’est pas tant la technologie qui pose problème que le processus de prise de décision. La vidéo a introduit un nouvel élément dans l’évaluation des fautes. Les arbitres-assistants sont dans l’obligation de tenir l’arbitre principal au courant de ce qui lui échappe. Ils doivent donc prendre leurs responsabilités, même lorsque c’est litigieux. Quant aux arbitres principaux, ils doivent se laisser le temps de la réflexion. L’arbitrage devient donc un travail d’équipe. Et c’est ceci qui semble poser problème pour l’instant.

Julien Zerilli

Rédacteur sportif depuis 4 ans. J'aime raconter le football sous un angle épico-tactique. Chaque match est une bataille, chaque maillot est un étandard et chaque footballeur est un soldat. Vae Victis.

2 thoughts to “L’arbitrage vidéo est la cible de toutes les critiques quatre mois après son introduction dans le football belge”

  1. Autre conséquence directe de la vidéo pour les diffuseurs : la rallonge des matchs qui risque de bouleverser la programmation des chaînes. Si au rugby, le diffuseur historique Canal+ est habitue a voir un match prolonge de 5-10 minutes a cause des nombreuses décisions vidéos, les diffuseurs du ballon rond le sont moins. Il est donc légitime de se demander quel impact aura un match qui dure entre 100 et 105 minutes de jeu au lieu de 90-95 minutes pour les diffuseurs ? Cela va-t-il bouleverser la grille des programmes ?

  2. Introduit en Jupiler Pro League sous forme de test, l’arbitrage vidéo ne fait pas non plus l’unanimité en Belgique. Des août, les supporteurs du plat pays ont eu affaire a plusieurs couacs évidents, notamment des penaltys évidents non accordes. Mais aussi une affaire plus cocasse : début août, le match Mouscron-Charleroi (2-5) avait été arrêté quatre minutes avant que ne soit siffle un penalty – peu évident – en faveur des Mouscronnois.

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