Le fleuret et le sabre sont des armes « conventionnelles ». À la différence de l’épée, les assauts avec ces deux armes se font selon certaines règles précises.
La première d’entre elles est que seul le tireur qui attaque peut marquer des points. Celui qui défend, doit d’abord se dégager, pour attaquer et ainsi espérer marquer des points.
Si cette règle paraît simple, la réalité est bien plus complexe, car, à pleine vitesse et dans la confusion de l’assaut, il est parfois compliqué de savoir qui attaque et qui défend.
Alors, comment juger qui a la priorité pour attaquer ? Que disent les règles officielles ? Voici un rapide aperçu des règles de convention.
Le but de cet article n’est pas tant de décrire les règles en détail, (il suffit de se reporter aux documents de la FIE), mais de mettre en lumière les difficultés qu’il peut y avoir à appliquer règlements officiels, surtout si l’on n’a pas accès au ralenti des actions. Le problème est identique au foot, avec la règle du hors jeu.
Qu’est-ce qu’une attaque en escrime ?
La convention du fleuret et du sabre veut que l’attaquant ait la priorité sur le défenseur pour marquer un point. Une attaque est définie comme :
« Action offensive initiale exécutée en allongeant le bras et menaçant continuellement la surface valable de l’adversaire, précédant le déclenchement de la fente ou de la flèche. »
Un tireur qui est attaqué, pour reprendre la priorité, doit esquiver l’attaque adverse ou bien la parer entièrement. Ainsi, il se retrouve en position d’attaque.
L’attaque peut être simple ou composée, c’est-à-dire faite de plusieurs mouvements (mais sans raccourcissement du bras). Elle peut aussi être suivie d’une flèche ou d’une fente.
Quelles sont les possibilités défensives ?
Pour reprendre la priorité, un tireur qui défend a plusieurs possibilités :
- Faire une parade, c’est-dire-empêcher qu’une attaque adverse le touche.
- S’évader : quitter la zone où l’adversaire a la possibilité de le menacer
- Pointer son arme en direction de l’adversaire avec le bras tendu : si cette action est faite avant une attaque, le défenseur aura la priorité s’il marque un point. L’attaquant, lui, doit d’abord écarter le fer pour garder la priorité.
Là où les choses se compliquent est que le défenseur ne récupère pas automatiquement la priorité après une parade. Tout dépend du temps dans lequel est faite l’action qui suit. C’est le jugement des intentions qui rend l’arbitrage compliqué.
Juger de la validité d’une touche
La priorité ne va pas d’un tireur à l’autre lorsque les fers se touchent. Si le défenseur pare une attaque, mais qu’il marque une hésitation sur la suite de son action, la priorité reste à l’attaquant.
Après une parade, le défenseur a le droit à une riposte. Si cette dernière touche l’attaquant, alors le défenseur a le point. Si la riposte est faite après un temps d’arrêt, elle ne sera pas comptabilisée. Pendant cette hésitation, l’attaquant pourra faire une remise (continuer son attaque sans retrait du bras) ou un redoublement (nouvelle attaque).
De même, si un attaquant initie une attaque composée et marque un temps arrêté entre les actions qui la composent, le défenseur aura le droit le toucher. Autre cas : si l’attaquant cherche le fer adverse, mais ne le trouve pas (parce que le défenseur s’est dérobé) et qu’il continue son attaque, il pourra être touché par l’adversaire car il a perdu la priorité.
Convention en escrime : différentes manières d’arbitrer
Au niveau international, l’application des règles ne pose pas de problème. En cas de doute, l’arbitre ira consulter le ralenti vidéo et pourra ainsi déterminer qui a la priorité.
Par contre, dans les compétitions plus confidentielles, où l’accès à la vidéo n’est pas possible, la prise de décision est bien plus compliquée.
À ce niveau-là, il y a deux écoles de pensée. La première, qui est le fait de juges débutants, donne la priorité à celui qui avance vers l’autre. Si un tireur avance et un autre recule, la priorité reviendra toujours au premier en cas d’échange à grande vitesse (les temps d’arrêt sont alors considérés comme nuls).
La deuxième école (minoritaire) donne la priorité à celui qui étend le bras en premier. Rappelons que les règlements de la FIE stipulent qu’une attaque est faite après allongement du bras. Le problème avec cette interprétation est qu’elle a tendance à évacuer le fait que la priorité peut être récupérée en frappant le fer adverse.
Aucune de ces deux écoles n’est totalement en phase avec les règlements. Elles permettent cependant de s’accommoder des règles tout en s’adaptant aux contraintes techniques des compétitions dans lesquelles les arbitres officient.