Lors du dernier match officiel de la saison 2016-2017 , la France jouait contre l’Angleterre au stade de France. En début de deuxième acte, Raphaël Varane a été expulsé pour une faute dans la surface de réparation. Les Bleus ont en plus concédé un penalty, qui a permis aux Anglais d’égaliser. Cette double peine, qui a fait tant couler d’encre par le passé, a été effacée des lois du jeu par la FIFA cette année. Alors pourquoi Varane a-t-il écopé d’un carton rouge ?
Comme nous allons vous l’expliquer, la fameuse double peine n’a pas totalement disparu, même si elle est devenue plutôt rare. Même les gros site de paris sportifs comme Betclic ne proposent plus de paris pré-match sur le nombre d’expulsions ou de penaltys. On peut par exemple placer son bonus sport de 100 euros offert par Betclic.fr sur le nombre de buts ou l’écart à la mi-temps, mais pas sur le nombre de cartons rouges.
L’expulsion de Varane contre l’Angleterre décortiquée
À la 48ème, Dele Alli s’engouffre sur la gauche de la surface de réparation. Varane est à la traîne et Lloris vient à la rencontre de l’attaquant des Three Lions. Le défenseur du Real Madrid semble en déséquilibre et, de sa jambe gauche, accroche Alli en tombant. L’attaquant de Tottenham s’effondre. L’arbitre demande l’assistance vidéo. Après délibération, il décide d’expulser Varane. Les commentateurs français crient au scandale. Après le match, en honnête homme, Raphael Varane va avouer qu’il y a faute.
Voici le film de la faute :
La faute technique est incontestable. Mais Joël Quiniou, le patron des arbitres français, est plus que perplexe sur son côté volontaire. Il déclarera sur BFM TV : « Au départ, il y a faute, on voit bien que Varane revient sur Dele Alli et l’accroche. Mais on ne peut pas dire qu’il y ait une intention délibérée de faire faute, et dans ce cas, la double peine ne s’impose pas pour moi. La sanction est disproportionnée. Et je ne dis pas ça parce qu’on est dans un match amical. Dans l’esprit, c’est involontaire. La faute technique est logique, mais le rouge ne s’impose pas ». Selon Joël Quiniou, l’expulsion s’est donc basée sur la faute elle-même plus que sur le caractère intentionnel. Mais est-ce bien en accord avec les textes officiels ?
Double peine : Les lois du jeu de la FIFA dans un tel cas ?
Dans le cas d’une faute dans la surface de réparation, l’arbitre doit accorder un penalty et sanctionner le fautif d’un carton jaune, et non rouge. Sauf dans les cas suivants :
- Si l’on pousse, retient ou tire un adversaire
- Si le fautif fait faute sur l’attaquant sans volonté de jouer la balle
- Si la faute mérite un rouge qu’elle ait été commise dans la surface ou ailleurs sur le terrain (tacle dangereux, agression…)
Pour juger de l’expulsion, l’arbitre doit prendre en compte la probabilité qu’a le défenseur de pouvoir récupérer le ballon, le nombre de joueurs dans la surface et la distance entre le point de contact et le but.
Quoi qu’en pense Joël Quiniou, il n’est pas question de faute volontaire ou involontaire. Étant donné que Varane annihile une occasion de but, il y a au minimum carton jaune et penalty. Puis, au vu de sa position (derrière Alli), il n’a aucune possibilité de récupérer le ballon. Enfin, la nature de la faute (croc en jambe) fait que l’adversaire tombe en avant. Il y a donc poussée. La faute est donc purement physique et non technique.
La vidéo va changer la philosophie de l’arbitrage
La question de la poussée est délicate à interpréter dans le cas de la faute de Varane. On a tendance à imaginer que ce genre de geste se fait avec la main. Dans le cas de Varane, la poussée est indirecte. La jambe qui accroche ne commet pas directement de poussée puisqu’elle accroche la jambe adverse de manière latérale. Toutefois, elle entraîne l’attaquant vers l’avant comme si on l’avait poussé.
De plus, il semble que la faute soit une conséquence du fait que Varane trébuche avant le contact. Cela semble involontaire et donc assez injuste. Mais les textes de la FIFA, comme nous l’avons dit, ne mentionnent en aucun cas le caractère volontaire ou involontaire des fautes. Ils se basent sur des faits : y a-t-il faute ou non ? C’est tout. Les circonstances atténuantes sont hors du champ d’application.
Avant la vidéo, l’arbitre était à la fois le garant du bon déroulement de la partie, mais faisait aussi un peu de psychologie. Certaines fois, il laissait l’avantage pour que le jeu soit plus fluide. Avec la vidéo, cet aspect risque de disparaître. Ne soyons toutefois pas pessimistes, car la vidéo ne concerne que quelques cas précis.