Tous les amateurs de football de la fin des années 90 et du début des années 2000 sont forcément tombés un jour sur un match arbitré par Pierluigi Collina. Il faut dire qu’avec son crâne rasé et ses yeux exorbités, il est facilement reconnaissable. Au-delà de son physique hors norme, Collina a été élu par ses pairs « meilleur arbitre de football de tous les temps.
Capable de se faire respecter même des stars les plus capricieuses, Pierluigi Collina a officié sur les terrains de football de 1988 à 2005. Retour sur la carrière hors du commun d’un homme qui a d’abord dû se battre contre lui-même avant d’atteindre la notoriété.
Collina et l’arbitrage, la naissance d’une vocation
Après quelques matchs amateurs au poste de défenseur, Collina se tourne vers l’arbitrage en 1977. Il a alors 17 ans. En moins de trois ans, il atteint le top niveau régional. Au milieu des années 80, sa vie bascule lorsqu’il est atteint d’alopécie. C’est une maladie qui se caractérise par une chute accélérée des poils et des cheveux. À noter que Patrick Stewart, qui joue le Professeur Xavier dans X-Men en est aussi atteint.
Au niveau de la ligue régionale, ça coince. On ne veut pas lui confier un match, car, selon les mœurs supposées de l’époque, il ne renvoie pas « l’image » que doit renvoyer un arbitre. Il se bat pour faire valoir ses droits et finalement la ligue accepte de faire un essai. Les spectateurs ne remarquent pas la différence. Collina a gagné le droit d’arbitrer.
Des ligues régionales à la Série A en trois ans
En 1984, il est diplômé d’économie de l’Université de Bologne et commence à officier en Série C1 et C2 à partir de l’année 1988. Là aussi, il ne reste que trois ans dans l’antichambre du football professionnel. En 1991, il obtient le droit d’arbitrer des matchs de Série A et de Série B. Collina est alors au sommet du football national.
À cette époque, il se frotte aux plus grands noms du foot transalpin et son caractère intransigeant fait mouche sur la plupart des terrains. Ceux qui essayent d’influencer ses décisions reçoivent en retour un regard aussi tranchant qu’un rasoir. Il n’est pas de ceux qui crient tout le temps. Un regard suffit. Son physique atypique devient une arme majeure.
La carrière internationale de Pierluigi Collina
Après moins d’une cinquantaine de matchs en Série A, Collina fait son entrée sur les listes de la FIFA. Il arbitrera 4 matchs aux Jeux olympiques d’Atlanta, dont la finale opposant le Nigéria à l’Argentine. Il officiera à la Coupe du monde 98, mais jamais en tant qu’arbitre principal. En 1999, il atteint l’un des sommets de sa carrière : il officie en tant qu’arbitre principal de la finale de la Ligue des champions entre Manchester United et le Bayern Munich.
En 2002, il arbitre la finale du Mondial entre le Brésil et l’Allemagne. C’est son dernier match de très haut niveau. En 2003, on le retrouvera au sifflet du quart de finale de la Champions League entre Manchester United et le Real Madrid. Il se fera aussi remarquer en expulsant Fabien Barthez en finale de la Coupe UEFA en 2004.
Collina prend sa retraite à la suite d’un imbroglio
L’Euro 2004 sera son dernier tournoi international. Il a alors 45 ans et les arbitres ne peuvent pas officier au-delà de cette limite. Toutefois, la fédération italienne de football change son règlement et repousse l’âge de la retraite à 46 ans afin que Collina puisse arbitrer encore un an. Problème : ce dernier a signé un gros contrat publicitaire avec Opel, en sachant que la marque allemande est le sponsor officiel du Milan AC. Confilt d’intérêts. La fédération refuse donc de lui octroyer un sifflet pour les matchs de gala. Excédé, il démissionne.
Collina ne quittera jamais le monde de l’arbitrage. Un an après sa retraite, en 2006, il devient consultant pour l’association qui chapeaute les arbitres en Italie. En parallèle, il exerce une activité de conseiller financier. Depuis 2010, il siège à l’UEFA en tant que responsable de l’arbitrage. Politiquement parlant, il ne s’est jamais opposé à Platini concernant l’arbitrage vidéo, mais a une légère préférence pour l’arbitrage à cinq. Il est aussi favorable à l’instauration d’un carton blanc signifiant une exclusion temporaire.